J. M traîne son homosexualité depuis cinquante ans. Arrivé il y à cinq ans au Sénégal, venant de France, après sa retraite. Ancien responsable commercial d’une grande société à Paris, il vit avec un homme marié qu’il a connu à Mbour et qu’il partage avec sa femme. Les parents et l’épouse de son « petit ami » ferment leurs yeux à cause du soutien financier et matériel qu’il leur apporte. Voilà enfin un qui a osé briser le silence. Et son cas n’est que la partie visible de l’iceberg dans ce monde interlope de la petite côte. - Comment êtes vous devenu Homosexuel ? C’est difficile à raconter et très ancien. Je suis né dans une grande banlieue de Paris et vous savez ce que cela comporte : banditisme, drogue et prostitution ont toujours gangrené notre environnement. J’avais des amis qui fréquentaient des boîtes de nuit et il faut dire que ce sont eux qui m’ont entraîné dans ce milieu où j’ai connu le monde des gays. En ce moment j’étais âgé de 18 ans. - Parlez nous de votre première expérience ? C’est à Paris dans une boîte de nuit située à la rue de Rivoli où j’ai connu Jean Pierre un type sympa qui m’a ébloui et initié. Nous étions assis l’un en face de l’autre et on se regardait. Et nous avions connu le rythme premier de notre amour. Ensuite nous nous sommes rendus à son domicile, une résidence située à Neuilly, un quartier chic prés de Paris où nous avions passé ensemble le week-end. - Comment avez vous vécu cette expérience ? J’étais au ciel pendant deux jours et je n’ai jamais vécu une si belle expérience. Je n’ai jamais imaginé que deux hommes pouvaient s’aimer si profondément. - Avez vous en ce moment une copine ? Oui. Je l’ai quittée à cause de Jean Pierre. Ensuite je suis allé vivre avec lui. Il m’a comblé dans tous les domaines. Il m’avait même confié le secteur commercial dans sa société. - Comment vos parents ont-ils vécu votre homosexualité ? Ma mère et mes sœurs l’ont vécue philosophiquement tandis que mon père qui était un grand croyant voulait ma mort. Jusqu’à sa disparition il ne m’avait plus parlé. - vous êtes au Sénégal depuis quand ? Je suis au Sénégal depuis 5 ans. J’y ai construit une maison sur la petite côte après avoir pris ma retraite en France et depuis le décès de Jean Pierre. Il faut préciser que je vis 10 mois sur 12 au sénégal. - On imagine que vous vivez avec quelqu’un ? Depuis la mort de Jean Pierre j’essaye de refaire une autre vie. A Mbour, j’ai connu un garçon avec qui je partage beaucoup de choses. C’est un homme marié. - Comment vous vous organisez pour vous rencontrer ? Je le partage avec sa femme. Nous nous voyons chaque jour. Il faut dire que ses parents sont au courant de notre relation. - Ont -ils essayé de vous casser ? Au début oui. Mais puisque nous leur apportons un soutien financier et matériel conséquent, ils ont fermé les yeux. - Et sa femme ? Elle vient souvent me voir avec lui. Nous entretenons de très bonnes relations. La preuve, avec ses deux enfants elle, ne manque de rien. - Savez vous que l’homosexualité est un grand péché au Sénégal ? Oui, je le sais, c’est pourquoi je ne la manifeste pas afin de ne pas heurter la conscience des Sénégalais. Mais c’est ma vie et j’essaye de la vivre.
Source: L'Observateur
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