Sachant que faire des affaires dans le secteur encombré des médias sénégalais est déjà une entreprise ambitieuse à cause de l'étroitesse du marché, la mauvaise conjoncture économique actuelle ne fait que compliquer la situation : les flux de rentrées s'assèchent, la concurrence est de plus en plus rude et la réglementation devient plus strict.
La concurrence dans ce domaine est féroce, notamment dans le secteur de la presse écrite qui comprend, uniquement à Dakar, quelque 20 quotidiens. Bien que ces journaux s'adressent à une population d'environ deux millions de personnes, certaines estimations évaluent le lectorat à plus ou moins 150 000 personnes, soit un faible taux de pénétration. De plus, étant donné que la publicité bat de l'aile, ces journaux doivent compter sur les ventes directes pour survivre, ce qui les pousse à baisser leur prix pour gagner la faveur des lecteurs.
Cependant, selon certains experts, la croissance rapide de la presse écrite s'est faite au détriment de sa qualité, dans la mesure où on a assisté à l'arrivée massive d'un personnel non qualifié, qui a baissé le niveau des exigences.
« Beaucoup de gens ici se disent journalistes, mais en réalité ce ne sont pas de vrais journalistes. Ils n'ont aucune formation dans le domaine. Ils ne travaillent pas avec de vrais éditeurs », a affirmé Abdou Latif Coulibaly, directeur de publication de La Gazette et directeur de l'Institut supérieur des sciences de l'information et de la communication (ISSIC).
C'est pour cette raison que le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication sociale du Sénégal (SYNPICS), qui représente les travailleurs du milieu, fait pression pour que les personnes bénéficiant d'une carte de presse émise par le gouvernement répondent à des exigences minimales en matière de formation. En effet, il demande que les journalistes détiennent des diplômes d'études secondaires et qu'ils suivent une formation spécialisée dans des écoles de journalisme reconnues.
Certains ont critiqué ces propositions en affirmant que la mise en place de ces critères serait une démarche élitiste et ne tiendrait pas compte de l'évolution des médias modernes, caractérisée par la multiplication des organes de presse et la hausse de la demande de presse écrite découlant de l'usage croissant d'Internet et d'autres médias.
Le SYNPICS demande également une application plus stricte de la réglementation selon laquelle les organes de presse doivent consacrer à la formation une somme équivalant à au moins 2% de la masse salariale. Cet objectif peut sembler difficile à atteindre, compte tenu, notamment, de la conjoncture actuelle.
En effet, dernièrement, certaines entreprises accusaient un retard dans le paiement des salaires et, en juillet dernier, les employés du Le Soleil, le quotidien national, ont fait appel aux services de médiateur du SYNPICS lors de négociations entreprises avec la direction du journal. Ainsi, lorsque les temps sont difficiles, la survie et la réduction des coûts ont priorité sur la formation.
De plus, la situation risque d'empirer. En effet, sachant que le marché sénégalais de la publicité est déjà très étroit, le ralentissement économique découlant de la crise mondiale risque de le réduire encore davantage. Dernièrement, le gouvernement a revu ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) à la baisse : il prévoit maintenant une croissance de 1.5% au lieu des 3.1% prévus initialement. Ainsi, à cause de cette baisse, qui est en partie provoquée par la chute de l'investissement étranger direct et la réduction des revenus provenant du tourisme, les entreprises privées auront sans doute tendance à consacrer moins d'argent à la publicité, ce qui aura certainement un effet sur les médias du pays.
Les médias de diffusion subissent un autre type de pression, qui se résume encore une fois à une question d'argent. Les diffuseurs, qui sont depuis longtemps accusés de ne pas payer les droits d'auteur aux artistes dont les œuvres sont diffusées à la radio et à la télévision, se trouvent maintenant devant l'alternative suivante : payer les sommes dues ou fermer leurs portes.
À la fin du mois d'août, après que la Cour de Dakar a émis une injonction exigeant de la société de s'acquitter des droits d'auteur pour la musique et les vidéos qu'elle avait diffusées, le plus grand conglomérat de médias sénégalais, Walfadjri, a assisté à une descente de la police dans ses bureaux qui a eu pour conséquence son retrait des ondes radio et de télévision. La somme due jumelée aux frais juridiques est estimée à 110 000 dollars.
Abdulaziz Dieng, un haut responsable de l'Association des métiers de la musique (AMS), a expliqué que la décision était tout simplement fondée sur le respect des droits d'auteur et sur la reconnaissance des droits des artistes à être payés pour leur travail.
« Conformément à nos lois, les médias devraient payer pour la musique qu'ils diffusent », a déclaré M. Dieng, également président du Bureau sénégalais du droit d'auteur, qui a déposé la plainte contre Walfadjri.
Walfadjri a nié avoir violé la loi et prétend être victime d'une injustice. En effet, certains affirment que le retrait des ondes de la société est le résultat d'une décision politique.
Étant donné la baisse des recettes et, pour les médias de diffusion du moins, une hausse éventuelle des coûts, la concurrence dans l'industrie des médias risque de devenir encore plus féroce dans les mois à venir.
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