vendredi 4 janvier 2013


Me Oumar YOUM, 

chargé d'études au collectif des avocats de l'APR : « Les auditions des dignitaires de l’ex-régime se font dans un cadre légal »

Chargé d’études dans le Collectif des avocats de l’Alliance pour la République (Apr), Me Oumar Youm estime que les auditions des dignitaires de l’ancien régime, dans le cadre des enquêtes sur les biens mal acquis, se font dans « un cadre légal ». Selon lui, les acteurs politiques ne doivent pas entraver la bonne marche de la justice.

Le nouveau régime a engagé depuis un certain temps des auditions pour recouvrer les biens mal acquis. Quel regard jettez-vous sur cette action ?
« J’en ai un double regard. Le premier, c’est que toute personne qui gère les deniers publics a une obligation de rendre compte. Et sur cela, il faut saluer les enquêtes qui se poursuivent et qui ciblent certains dignitaires du régime sortant. Le deuxième aspect, pour nous-mêmes, c’est un regard pédagogique qu’il faudrait avoir car c’est un rappel fort pour nous qui sommes en train de gérer les affaires publiques, nous devons être astreints à une obligation de respect, de transparence de bonne gouvernance et de préservation de biens qui ne nous appartiennent pas, mais qui appartient à l’Etat et au peuple sénégalais. Sur ce double rapport, on doit accueillir ces enquêtes avec sérénité et laisser les enquêteurs accomplir leur devoir et leur mission. On peut se défendre le moment opportun, parce qu’il est question de rendre justice et la justice est rendue de manière contradictoire dans le respect des principes d’équité, de la défense et dans le respect des présomptions d’innocence. Il n’y a pas matière à s’alarmer outre mesure. Tout ce qui est fait se fera dans le cadre du respect des droits de la défense, mais aussi dans le cadre du respect de la légitimité des forces de l’ordre qui ont été investies de la mission de procéder à des enquêtes dans les règles de l’art pour pouvoir situer les responsabilités.»
Que pensez-vous de la position du Pds qui accuse le gouvernement d’acharnement contre ses responsables ?
« C’est une fuite en avant. On doit même se poser des questions pour savoir pourquoi devrait-on s’acharner contre les éléments du Pds. Nous venons de sortir des élections qui ont montré que le Pds est en lambeaux. Dans cette atmosphère de perdition, je ne vois pas comment on pourrait dire que le gouvernement du Sénégal, par ses dirigeants actuels, chercherait à s’acharner sur le Pds. C’est une lecture politique très médiocre. Je pense que la réalité est qu’il y a des hommes qui, de par leur position dans le gouvernement, ont eu à gérer et ils devraient rendre compte à qui de droit, la justice du Sénégal. Connaissant le président Macky Sall, je sais qu’il n’est pas un homme qui va aller dans les détails pour faire la guerre à qui que ce soit. Par la grâce de Dieu, il a été élu de belle manière, il doit en être conscient et comprendre que le pouvoir qui lui a été donné par le peuple sénégalais, n’est pas un pouvoir avec lequel il devra abuser. Sur ce rapport, les gens doivent être sereins et qu’ils comprennent que tout ce qui est en train d’être fait se fait dans un cadre légal qui est prévu. Que ceux qui ont eu à gérer les deniers de l’Etat puissent répondre au nom du principe de recevabilité qui est un élément important de la bonne gouvernance.»
Le Pds estime que la Cour de répression de l’enrichissement illicite est incompétente pour juger ses anciens ministres…
« C’est une lecture. On peut avoir une autre lecture de la Constitution, notamment l’article 101. Je pense que le Droit n’est pas linéaire. Il faut aller dans le sens de l’explication de texte pour comprendre ce qui est prévu par la loi. L’article 101 dit de manière claire que les actes qui ont été accomplis par les ministres, les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions devrait renvoyer ceux-ci dans le cadre de leur responsabilité pénale à la compétence de la haute Cour de justice. Il faut voir qui est dans l’exercice de ses fonctions ? Quelle est la notion d’exercice de ses fonctions. Qui est dans l’exercice des attributs du ministre ? Qui n’est pas dans l’exercice des attributs du ministre ? Cette formule nous renvoie à une délimitation du champ de compétence de la haute cour de justice sur les actes accomplis par les ministres, alors qu’ils étaient en fonction. Est-ce que la notion de l’exercice de ses fonctions est une notion qui est résiduelle dans tout ce que fait le ministre ou est-ce une notion qui prend en charge le statut même du ministre pour le temps qu’il a été nommé ? Je pense qu’il faut être subtile, très modéré dans les prises de position, parce que c’est un débat juridique qui se pose un peu partout dans le monde et que le droit n’étant pas linéaire, je pense que les uns et les autres devraient laisser à la Cour de répression de l’enrichissement illicite, seul organe pouvant valablement statuer sur sa compétence pour dire si oui ou non elle est compétente pour connaitre des faits qui sont reprochés au ministre. Personne ne peut statuer en lieu et place de ces juridictions pour déterminer leurs compétences, alors que la loi donne des compétences à ces mêmes juridictions. C’est un débat prématuré. Il appartient à la haute cour de justice de pouvoir dire quel est l’organe compétent pour connaitre de ces infractions. J’estime que la notion de l’exercice dans ses fonctions est une notion qui me parait être une notion à réexaminer, à clarifier et à poser dans un débat parce que tout ce que le ministre fait n’est pas dans l’exercice de ses fonctions. On sait que l’article 101 n’est pas une protection ou une immunité juridictionnelle statutaire, mais une immunité juridictionnelle fonctionnelle. La haute cour de justice étant par essence un organe qui connait des fautes politiques avec un soubassement pénal, mais le fait de se faire corrompre et d’exercer des violences sur des personnes n’a absolument rien à voir avec la fonction ministérielle dont l’exercice devrait se faire dans un cadre purement légal et non illégal. Sous ce rapport, j’estime que, sans être péremptoire, sur l’interprétation qu’on devrait avoir de l’article 101, j’appelle à un devoir de réserve et de réflexion avant de se prononcer de manière catégorique sur la compétence ou non de la cour de répression de l’enrichissement illicite.»
Ne pensez-vous pas que l’Exécutif s’immisce dans le dossier à travers la dernière sortie du directeur de cabinet du ministre de la Justice ?
« Je ne trouve pas qu’il ait de l’immixtion à partir du moment où ce sont des prises de position officielles ou des déclarations qui permettent d’informer l’opinion publique et les Sénégalais. Une immixtion, c’est lorsqu’un acte est posé pour dévier de sa ligne ou la procédure de l’enquête ou infléchir les décisions. Si les autorités du ministère de la Justice s’arrêtent sur des observations et des constatations ou de simples déclarations sur le déroulement de la procédure, j'estime qu’il n’y a pas d’immixtion valable.»
Quelle attitude la mouvance présidentielle doit-elle adopter dans ce dossier ?
« Elle doit être vigilante et rester prudente. Elle doit soigner son langage, dire ce qu’elle pense dans les règles de l’art, dans la correction et le respect des institutions. Mais éviter de s’arroger le monopole de la vérité et de verser dans ce qui peut être les germes des violences, car le Sénégal n’en a pas besoin.»
Propos recueillis par Babacar DIONE et Maguette GUEYE DIEDHIOU

Dr Serigne Diop GUEYE, 

ingénieur agronome, cadre à l'APR : 

« Si on aménage 200.000 ha d’ici 10 ans, des milliers d’emplois seront créés pour les jeunes »

Ingénieur agronome et membre de la Convergence des cadres républicains, le Dr Serigne Diop Guèye estime que la résolution de la question du chômage des jeunes passe principalement par la réalisation du programme agricole du chef de l’Etat articulé autour de la création de pôles de développement et l’aménagement de milliers d’hectares. Le Dr Guèye souligne que le partenariat public-privé va permettre la réalisation de ce programme qui nécessite 600 milliards par an pendant 10 ans.
Les cadres de l’Apr ont tenu une conférence sur le programme agricole du président de la République. Quel regard portez-vous sur ce programme ?
« Le président de la République a un programme très ambitieux dans le domaine de l’agriculture. Six mois après son élection à la tête du pays, nous estimons qu’il faut mettre en œuvre ce programme très ambitieux, voir comment nous allons passer de la phase conception à la phase pratique pour exécuter ce programme sur les 5 ans à venir. Je dirige le centre de recherche de Nestlé en Afrique. Je couvre la recherche sur les 52 pays qui abritent le groupe, de l’agriculture jusqu’à l’agroalimentaire. L’enjeu dans ce projet est de voir comment rendre notre pays autosuffisant en céréales, en légumes et en viande. 
La deuxième question c’est comment assurer la sécurité alimentaire. On peut avoir assez à manger en 2013 et n’avoir plus de stock en 2016. La sécurité alimentaire est importante. La troisième question est de savoir si nous pouvons transformer les matières premières en produits finis.  Ensuite comment on peut faire pour exporter les produits transformés. On veut faire passer le Sénégal d’un pays qui est déficitaire en produits alimentaires à un pays exportateur. »
Comment faire pour arriver à cela?
«Nous avons un document qui a été enrichi par l’ensemble des cadres. Ce document a d’abord fait l’état des lieux. Ce diagnostic a concerné l’élevage, l’agroalimentaire et la commercialisation des produits. Nous avons identifié un certain nombre de facteurs qui expliquent la faible productivité. Le premier facteur est qu’on ne travaille pas assez. On cultive trois mois sur douze.
 D’autres facteurs sont liés à la productivité du travail. Quand vous allez dans certains pays comme l’Argentine, un paysan à 100 à 1000 hectares. Avec ses tracteurs, il a juste une dizaine d’employés. Ce paysan produit du blé et du maïs sur 100 à 1000 hectares. Ce paysan a un rendement de l’ordre de 5 tonnes à 8 tonnes de maïs à l’hectare. Chez nous, le paysan travaille souvent sur un demi-hectare avec toute sa famille. Son rendement ne va pas dépasser 200 kilos à l’hectare. Le paysan argentin qui utilise des outils modernes et des engrais aura une plus forte productivité.  Si l’on veut augmenter la productivité, il faudrait utiliser des engrais, des semences sélectionnées, utiliser des pesticides et former le paysan. Il faut ensuite installer des mécanismes de commercialisation. Si le paysan produit plus,  à la fin de campagne, il peut vendre son produit s’il n’a pas d’argent ou s’il n’a pas de débouchés. Ce diagnostic étant fait, nous allons réfléchir autour des solutions.
Quelles sont les solutions concrètes proposées pour sortir le paysan sénégalais de cet état ?
« C’est là où je propose de regarder l’exemple de l’Inde. Les Indiens ont fait leur révolution verte dans les années 70. Le Mexique l’a fait dans les années 40. Nous pouvons essayer de voir comment nous inspirer de ces pays qui sont passés d’un Etat déficitaire  à un Etat exportateur.  Avec l’introduction de toutes les techniques modernes, (machinisme, semences à haute productivité, engrais), l’Inde arrive aujourd’hui à exporter plus de 4 millions de tonnes de riz dans le monde.  Dans les années 70, ce pays enregistrait, par année, plus de 200.000 morts de famine.  Le Sénégal devrait pouvoir faire de même. Mais pour cela, on devrait réfléchir sur les atouts dont dispose le Sénégal. »
Avez-vous identifié des atouts ?
« Pour le riz, nous disposons de plus de 200.000 hectares dans la vallée. Et il y a à peine 100.000 hectares qui sont aménagés.  Seuls 30.000 sont exploités. Avec le rendement actuel de la vallée qui est de l’ordre de 8 tonnes à l’hectare, il est évident que si nous arrivons à aménager  200.000 hectares au lieu de 30.000 hectares, cela nous ferait des productions de trois millions de tonnes, alors que nos besoins sont de l’ordre de 800.000 tonnes.  Ces trois millions de tonnes de riz correspondent à trois millions de tonnes de paddy. La première phase du projet sera des aménagements hardis autour du fleuve Sénégal de centaines de milliers d’hectares.  
C’est un véritable Plan Marshall. En Casamance, nous avons du riz irrigué, mais il y a aussi le riz pluvial. Ce riz pluvial peut être produit partout au Sénégal.  Des dizaines de milliers d’hectares pourraient être aménagés.  Après avoir aménagé, les paysans locaux doivent être formés pour produire pour eux-mêmes.  Il faudrait qu’on mette à leurs dispositions de bonnes semences certifiées, des pesticides et des machines agricoles pour qu’ils puissent travailler la terre. Il faut ensuite mettre en phase un système agroalimentaire qui permet de transformer ce riz paddy en riz brisé. Le projet nécessite des investissements assez lourds. On a besoin de 600 milliards par an pendant 5 ans dans la première phase. »
Est-ce que le budget de l’Etat peut supporter une telle somme ?
« Les 600 milliards ne seront pas mobilisés par l’Etat seulement.   L’Etat ne financera que 40% de ce budget. Le reste proviendra de ce qu’on appelle le partenariat public-privé. Des privés vont venir investir dans  les zones ciblées en nouant des partenariats avec les populations.  Le ratio doit être de l’ordre que 80% pour la petite et moyenne agriculture familiale.  20% devrait être consacrés à l’agriculture commerciale.  C’est là où nous avons pensé à un projet qu’on appelle le P 45 qui peut être la phase de mise en œuvre du programme « Yonou Yokouté ».  Le P 45 va créer des projets dans chacun des 45 départements. Ces projets porteront sur la transformation des produits agricoles, l’élevage à haute productivité laitière, etc.  Ils porteront aussi sur la recherche. Des instituts comme l’Isra et l’Ita devraient travailler ensemble pour créer de nouvelles variétés, mais aussi de nouveaux aliments.  
L’autre volet qui doit accompagner ce projet, est d’encourager maintenant les Sénégalais, mais aussi les acteurs internationaux à créer de petites unités industrielles dans les départements. Dans chaque département, nous avons proposé de créer chaque année un projet agricole important et une unité agricole importante. Ça peut être une unité de production de mangues en Casamance par exemple.  Si l’on arrive à avoir le couple, agriculture d’une part, transformation industrielle d’autre part, nous allons déjà pouvoir  réduire les pertes post récoltes de 30 à 40%.  40% des mangues produites au Sénégal pourrissent. Est-ce qu’on peut continuer à laisser ces mangues pourrir, alors que des industries de transformation de mangues existent depuis 50 ans ?  A côté des industries de transformation des produits, il faut construire des usines de fabrication d’engrais et des centres de formation. Dans le projet, nous proposons que dans chaque département, soit créé un centre de formation technique.  Si nous voulons moderniser notre agriculture, vous êtes d’accord que nous devons former nos ressources humaines aux nouvelles technologies.  Nous ne pouvons pas moderniser notre agriculture avec les paysans qui ont 60 ans. Nous ne pouvons pas non plus moderniser notre agriculture avec des femmes qui ne sont pas instruites. Si nous voulons nous lancer dans cette révolution verte, ça doit s’accompagner d’un instrument hardi de formation dans les lycées du pays pour former des agriculteurs qui savent ce que c’est le goutte à goutte, des semences hybrides, gérer des plantations. »
Comment mobiliser le financement ?
« La question du financement est à la fois la question la plus pertinente, mais la plus difficile. Dans nos pays, nous avons beaucoup plus d’argent qu’on ne le pense. Il faut d’abord montrer que l’agriculture est un instrument rentable. Il faut montrer que si vous avez de l’argent, au lieu de l’investir dans une villa que vous allez louer après, vaut mieux l’investir dans l’agriculture qui va générer plus de revenus, mais dans le long terme.  Les gens doivent savoir qu’aujourd’hui, il y a tellement de fonds qui sont disponibles pour les pays africains. Il y a les fonds de la Banque africaine de développement (Bad) et ceux de la Banque mondiale. Il y a les fonds des Fondations. Beaucoup de structures ont mis l’agriculture et la formation professionnelle au centre de leur programme d’investissement. Mais avant de faire appel à ces fonds, nous devons faire appel à l’épargne des cadres sénégalais et celle de la diaspora. Si on lance un appel aux Sénégalais vers l’agriculture en assurant des débouchés sur les produits qui seront mis sur le marché, ils vont répondre.  Si l’on demande à chaque collectif de cadres, d’étudiants, des projets agricoles dans leurs régions d’origine en essayant de les accompagner en détaxant les facteurs de production,  en faisant des exonérations d’impôts, on pourra attirer plus d’investisseurs dans l’agriculture.  On peut également faire appel au patronat sénégalais pour qu’il investisse dans le secteur agricole, la transformation et l’exportation. »
Comment le patronat et les cadres pourraient-ils accéder au foncier sans s’accaparer des terres des paysans ?
« C’est l’originalité du P 45. Nous avons dit que comme la Convergence des cadres républicains (Ccr) a pour objectif d’avoir une structure dans chaque département du Sénégal, nous pensons qu’il faut lancer un appel pour que ces gens puissent  aller vers leurs propres parents pour leur parler de la nécessité de mettre à la disposition des personnes qui veulent investir des terres. Nous savons qu’avec l’agriculture traditionnelle, on ne pourra pas développer le secteur agricole. On a besoin, à la fois, de l’agriculture commerciale et de l’agriculture familiale. Les paysans ont besoin de nouer des partenariats avec des investisseurs pour développer les deux volets. Cela permettra aux paysans d’être actionnaires dans les unités de production tout en bénéficiant de programmes sociaux comme la construction d’écoles ou de dispensaires pour améliorer leur cadre de vie. Il faut donc faire la sensibilisation pour montrer aux paysans qu’il ne s’agit pas d’accaparer des terres, mais de travailler en partenariat avec les paysans pour développer le secteur agricole. Il faudra donc passer de la phase conception à la phase réalisation. Il nous faut dix ans pour réaliser ce projet. »
Est-ce que ce projet peut aider à résoudre la question du chômage des jeunes ? 
« Nous pensons que c’est l’une des meilleures façons de résoudre la question du chômage des jeunes. Le projet va générer des milliers d’emplois. La question de l’emploi des jeunes est l’un des objectifs du projet.  Nous misons sur 45 écoles agricoles. La meilleure façon d’assurer un emploi aux jeunes, c’est de leur donner une formation pratique.  Dans notre pays, la formation technique est un peu le parent pauvre, alors que le développement de ce programme suppose que, dans chaque localité, qu’on ait des écoles de formation agricole. Quand les jeunes sortiront de ces écoles, il faut les aider à travailler dans des projets existants pour qu’ils aient l’expérience. Il faut ensuite encourager les banques locales à les aider à s’installer. Un hectare aménagé doit employer une vingtaine de personnes. Si l’on aménageait 200.000 ou 300.000 hectares,  d’ici 10 ans,  des milliers d’emplois seront créés.   Et le retour des jeunes vers les villages va s’opérer. Pour chaque projet agricole, il faut une usine de transformation. Dans les Pme, des emplois seront créés.  Au fur et à mesure que la production agricole augmente, plus d’emplois seront créés. Le projet va favoriser la déconcentration de Dakar. 80% des usines se trouvent à Dakar. La construction d’industries de transformation dans les départements permettra le transfert des activités économiques dans ces zones. Le projet est un exemple concret de décentralisation par l’économie. Le projet permettra d’avoir des pôles de développement dans l’ensemble du pays.»
Comment faire pour assurer la pérennité du projet ?
« L’un des facteurs essentiels pour la réussite de ce projet est la bonne gouvernance.  La gestion de ces types de projets demande  des ressources humaines exceptionnelles. Il faut d’abord que les gens soient compétents sur le plan technique au niveau central et au niveau local.  Il faut une rigueur morale et intellectuelle. Il faudrait que ceux qui s’engagent dans la réalisation du projet soient extrêmement honnêtes. Qu’ils sachent négocier et mener des hommes. 
Il faut une planification à long terme. Il faudrait que ceux qui sont formés aujourd’hui puissent passer la main à d’autres personnes. C’est pourquoi l’Etat et la société civile doivent identifier les meilleurs talents que notre société compte en termes de leadership, de compétences internes et d’honnêteté sur le plan de la gestion des deniers publics. »
Propos recueillis par Babacar DIONE


MESSAGE DE NOUVEL AN DU CHEF DE L’EAT
Rupture et vision pour le futur

Le message de nouvel an du Président de la République a incontestablement remis les pendules à l’heure. Et ceci pour trois raisons principales qui touchent à la forme et au fond : un format adapté du point de vue du timing (1), des mesures phares en phase avec les attentes des Sénégalais (2) et l’affirmation d’une vision pour le Sénégal (3).

Raison 1. Un message de nouvel an n’est ni un discours sur l’état de la Nation encore un exposé programmatique adossé à un bilan. Un message de nouvel an est une adresse ramassée, concise et ciblée pour présenter des vœux et, pour un Chef d’Etat, rassurer ses concitoyens en vue d’entrer dans la nouvelle année avec espoir et pleine conscience des défis majeurs pour le pays et pour le monde. Il peut également annoncer des mesures phares qui confortent sa vision et présagent d’actions hardies pour mettre le pays sur la trajectoire d’un développement véritable. Dès lors, il n’est pas attendu, pour ce type d’adresse, l’exhaustivité qui sied à un discours sur l’état de la Nation. Journalistes, analyses et auditeurs/téléspectateurs quelconques ont unanimement salué la fulgurance du message, sa concision et sa clarté. Quinze minutes ponctuées d’espoir et de confiance !

Raison 2. La tonalité sociale du message de nouvel an du Président de a République est nette.  Le langage du vécu des populations a pris le pas sur la langue des chiffres déconnectés du quotidien. Il ne promet pas, il annonce le réel qui apporte immédiatement du mieux dans la vie des gens. Le lancement de la couverture maladie universelle (des Sénégalais sains), n’est pas une promesse. C’est un acte posé parce qu’inscrit dans le budget et dont les effets sont perceptibles dès 2013. Il en est de même de la bourse de sécurité familiale (des Sénégalais solidaires et dignes) qui va toucher immédiatement 50 000 familles des plus démunies.  Le transfert  de l’ordre de 30 milliards de francs cfa aux travailleurs salariés (pour des Sénégalais mieux payés), sous la forme du renoncement à une bonne part de fiscalité sur les salaires, n’est un effet d’annonce. C’est une mesure effective à partir de fin janvier 2013. Le recrutement de 5500 agents dans la fonction publique n’est pas un mirage. C’est un engagement en œuvre ici et maintenant. L’accès à l’électricité de 32 000 foyers dans le monde rural n’est pas une chimère, c’est une mesure effective avant fin 2013. La  mobilisation de 250 milliards de Fcfa dans le cadre de l’apurement progressif de la dette intérieure n’est pas un vœu pieux, c’est une annonce à effet immédiat pour le secteur privé. Entre autres…
Le message du nouvel an n’a donc pas été simple un défilé de promesses mirobolantes, encore moins un bilan souvent auto-glorifiant pour masquer les carences de l’action au présent et pour le futur. Le message a respecté un engagement axiomatique fort du candidat Macky Sall devenu Chef d’Etat : dire ce qui est possible, éviter les maquettes faciles et les illusions infantilisantes.

Raison 3. Le Sénégal dont rêve chaque Sénégalais est bien profilé dans le message : un pays en lutte permanente contre les injustices et les inégalités sociales, ayant assuré son autosuffisance alimentaire, doté d’un tissu industriel moderne et adossé aux valeurs de paix, de démocratie et de liberté. Cette vision n’est pas un univers onirique. Elle repose sur des leviers puissants :
-          La création de nouveaux instruments de financement de notre développement avec le Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP) et le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS).

-          La révolution agricole annoncée par le Président avec des mesures concrètes, notamment en matière de mécanisation (acquisition de 1 000 tracteurs), de juste prix (pour le producteur et le consommateur), de maîtrise de l’eau, d’accès à des semences de qualité… La démarche est ainsi inspirée de ce que les spécialistes appellent la chaine de valeur. Elle combine les intérêts de tous les acteurs, accorde une attention particulière aux facteurs de progrès et de performance  et non plus seulement aux volumes à produire. Il n’est plus seulement question d’amélioration des performances de ce secteur décisif pour notre développement ; il est question surtout d’optimisation des performances. Il s’agit d’une mutation profonde du secteur agricole qui va induire des changements sérieux dans l’économie rurale et le visage des régions intérieures.

-          L’éducation et la formation professionnelle pour faire émerger une masse critique de compétences dans tous les domaines, notre pays évoluant dans un contexte mondial très exigeant parce qu’ouvert et très concurrentiel.

-          La bonne gouvernance, non pas seulement comme principe, mais comme mode de gestion des affaires publiques, réhabilitation de l’intérêt collectif, défense et illustration de la vertu comme signe distinctif du bon leader.
L’espoir et la confiance ne sont donc pas de vains mots dans l’adresse du Président. Ils sont inscrits dans la réalité de nos efforts communs et quotidiens qui portent le Chef de l’Etat à la conviction suivante : « L’année qui s’annonce nous ouvre de nouvelles possibilités de poursuivre la réalisation de nos aspirations à une vie meilleure, sur le fondement de nos acquis. Bâtir le Sénégal de nos rêves est à notre portée. J’ai pleinement confiance dans nos capacités d’y parvenir si nous restons mobilisés autour des vertus du travail, du civisme et de la discipline individuelle et collective ».


El Hadj Hamidou KASSE
Conseiller Spécial du Président de la République
MESSAGE A LA NATION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR MACKY SALL, 
 PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU SENEGAL, A L’OCCASION DU NOUVEL AN 

Palais de la République, Dakar, 31/12/2012 
                               
Sénégalaises, Sénégalais, Hôtes étrangers qui vivez parmi nous, Je suis heureux de m’adresser à vous, au seuil du nouvel an. En ces moments de joie et d’espérance, j’ai d’abord une pensée affectueuse pour nos malades et pour tous ceux qui souffrent des aléas de la vie. Je salue avec respect, la mémoire de nos morts, dont d’illustres fils de la Nation ravis à notre affection récemment. Puissent les valeurs élevées d’amour patriotique, de culte de la paix et de la fraternité humaine qu’ils ont incarnées nous servir de viatique sur le chemin de notre destin partagé. Par une belle coïncidence des calendriers, qui traduit l’harmonie de notre Nation dans sa diversité, le nouvel an correspond cette année, quelques jours après les fêtes de noël, avec le Grand Magal de Touba, occasion privilégiée de retrouvailles et de communion spirituelle. Retrouvailles dans la paix et la communion, c’est notre vœu le plus cher pour la Casamance. Et l’espoir est permis, avec la libération de nos soldats qui étaient retenus en otage pendant plusieurs mois. Je me réjouis, une fois de plus, de ce geste de bonne volonté. Au nom de la Nation, je renouvelle mes sincères remerciements à tous ceux qui ont facilité ce dénouement heureux. Je reste, pour ma part, déterminé à poursuivre le dialogue déjà engagé pour le règlement pacifique et durable de la crise casamançaise. Mes chers compatriotes, Au cours de l’année qui s’achève, nous avons vécu des moments de tension et de fortes émotions avec une période pré électorale agitée et de graves inondations qui ont occasionné des pertes énormes. Mais en toute circonstance, nous avons montré que ce qui nous unit, est plus fort que ce qui nous divise ; que nous sommes une Nation debout, résolue à préserver ses acquis. Face aux défis et aux épreuves, l’esprit de résilience, de solidarité et de partage hérité de nos traditions ancestrales a prévalu. Et le mérite en revient à chacun de vous. Ces vertus, mes chers compatriotes, nous devons les cultiver pour relever les défis à venir. Restons mobilisés, parce que nous n’avons pas encore fini de solder notre passif de ces dernières années, avec un cumul de dettes de 3041 milliards de fcfa, dont 700 milliards au titre de la dette intérieure. S’y ajoute un contexte sous régional de crise qui affecte négativement notre économie. En dépit de toutes ces difficultés, nos efforts de réduction du train de vie de l’Etat et de rationalisation des dépenses budgétaires nous ont permis de dégager d’importantes ressources pour assister les populations touchées par la crise alimentaire, subventionner le prix de l’électricité et soutenir la campagne agricole ; le tout pour un montant de 169 milliards. Et avec la collaboration des partenaires, nous avons pu sauver l’école d’une année blanche qui aurait été préjudiciable pour nos enfants et notre pays. Mais il nous faut, dès le mois de janvier 2013, tenir les concertations pour stabiliser notre système éducatif et améliorer sa qualité dans tous ses aspects. J’accorde, à cet égard, une attention particulière à la promotion de la formation technique et professionnelle à tous les niveaux, pour répondre aux besoins du marché de l’emploi. Mes chers compatriotes, Malgré nos bonnes performances agricoles de cette année, l’autosuffisance alimentaire reste encore un objectif à atteindre pour notre pays. Nous devons engager une véritable révolution agricole par un meilleur aménagement des terres et une allocation plus conséquente de moyens pour la maîtrise de l’eau, la sécurisation de semences de qualité, la transformation agroalimentaire, et la mécanisation de notre agriculture. A ce titre, je suis heureux d’annoncer que le Gouvernement compte acquérir plus de 1000 tracteurs et divers équipements ruraux, dans la perspective de la prochaine campagne agricole. Je tiens, par-dessus tout, à ce que le producteur soit rémunéré au juste prix de son dur labeur. Voilà pourquoi nous avons porté cette année le prix de base du kilogramme d’arachides à 190 fcfa. L’urgence pour 2013 c’est aussi la nécessité de redonner du souffle à notre économie, fragilisée par une année de fonctionnement au ralenti. A cet effet, le Gouvernement a déjà mobilisé 250 milliards pour l’apurement progressif de la dette intérieure. Les conclusions du dernier Conseil présidentiel de l’investissement, visant l’amélioration de l’environnement des affaires seront appliquées, avec diligence ; en particulier pour mettre un terme aux lenteurs inacceptables qui entravent l’octroi du permis de construire et le transfert de propriété. Nous allons, dans le même sens, innover en matière de financement du développement avec le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS) et le Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP). En mobilisant des ressources additionnelles, ces mécanismes nouveaux renforceront les capacités d’intervention de l’Etat dans les investissements d’intérêt public et l’appui aux groupements de femmes et de jeunes, aux petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux artisans et exploitants agricoles. Il s’agira, à terme, de générer 30 000 emplois directs par an. Dans l’immédiat, il sera procédé au recrutement de 5 500 nouveaux agents dans la fonction publique, dès le début de l’année 2013. En complément des efforts de relance de l’activité économique et de création d’emplois, le Gouvernement poursuivra sa politique de soutien aux ménages et de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales. Ainsi, à la fin du mois de janvier 2013, la baisse de l’impôt sur les salaires sera effective. Elle se traduira par des gains de 15 000 à plus de 90 000 Fcfa par mois, selon la catégorie salariale. Avec cette mesure, l’Etat transfère aux travailleurs 29 milliards de Fcfa par an pour soutenir leur pouvoir d’achat. Lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales, c’est également organiser la solidarité nationale pour soutenir les plus démunis parmi nous et faciliter à tous l’accès aux soins de santé. C’est à cette double exigence que répondent la Bourse de Sécurité Familiale et la Couverture Maladie Universelle par une dotation budgétaire déjà inscrite de 10 milliards de fcfa. Dans sa phase pilote, la Bourse bénéficiera à 50 000 foyers, pour un montant annuel de 100 000 fcfa par famille ; l’objectif étant d’atteindre 250 000 familles en 2016. La Couverture Maladie Universelle quant à elle, est un nouvel instrument de solidarité nationale devant permettre à chaque sénégalais, quelle que soit sa condition, d’accéder à un minimum de soins. Il sera, en outre, délivré aux personnes vivant avec un handicap, une Carte d’égalité des chances donnant droit à des services spécifiques, dont la gratuité des soins dans les structures publiques. J’ajoute que nous tiendrons prochainement des concertations sur l’état de notre système de santé. Mes chers compatriotes, Cette année encore, nous avons été durement éprouvés par les inondations. J’ai personnellement mesuré l’ampleur des dégâts en me rendant sur les lieux. Vous avez été nombreux à contribuer financièrement, faire des dons en nature, nourrir et loger des voisins sinistrés. Je salue cet extraordinaire élan de générosité dont des sénégalaises et sénégalais de toutes conditions, ici comme dans la diaspora, ont fait montre pour venir en aide aux victimes. Il nous faut, à présent, apporter une réponse durable au phénomène récurrent des inondations. C’est l’objet du nouveau Département Ministériel chargé de la restructuration et de l’aménagement des zones d’inondation. Dans le cadre du programme de réinstallation des familles déplacées, plus de 2000 nouveaux logements sociaux seront construits dans les prochains mois. Cet effort sera élargi avec l’ambitieux programme d’habitat que nous avons initié pour offrir à chaque famille la possibilité d’acquérir un logement décent. S’agissant du coût élevé des loyers, le Gouvernement mettra en place une Commission de régulation pour enrayer la spéculation devenue insupportable pour les locataires. De même, la subvention des prix de l’électricité sera maintenue. Au titre du programme d’électrification rurale, plus de 32.000 ménages seront connectés au réseau avant la fin de l’année 2013. Mes chers compatriotes, J’ai engagé avec vous un contrat de confiance basé sur la bonne gouvernance. Ce contrat est en cours d’exécution et je compte le remplir fidèlement pour mettre le Sénégal nouveau en marche. Tout comme la démocratie et le respect de l’Etat de droit, la gestion vertueuse des affaires publiques est, plus que jamais, une exigence citoyenne. C’est aussi un impératif économique absolu et une question d’équité et de justice sociale. J’ai mis en place un Office National Anti-corruption (OFNAC) doté de larges pouvoirs de saisine et d’investigation pour traduire en actes notre aspiration commune à une gestion saine, soucieuse de la sauvegarde de l’intérêt public. Dans le même esprit, la Cour des Comptes a été réformée pour renforcer son indépendance et ses moyens d’intervention, notamment avec l’institution d’un Parquet général. J’ai également instruit l’Inspection générale d’Etat de publier un rapport annuel sur l’état de la gouvernance publique. Il sera, en outre, établi un dispositif de coordination pour assurer plus de cohésion dans les activités des corps de contrôle de l’Etat. Dans l’exercice de toute mission de service public, personne ne peut se soustraire de l’obligation de transparence et de rendre compte. Je sais que toute dynamique de changement dérange ; parce qu’elle ébranle des certitudes, parce qu’elle bouscule des habitudes établies et, que, pour certains, elle remet en cause des acquis et des privilèges indus. Mais rien ne me détournera de l’objectif de bonne gouvernance. Par conséquent, toutes les procédures engagées en matière d’audits et d’enquêtes sur des ressources et biens mal acquis seront rigoureusement menées jusqu’à leur terme. Et la justice suivra son cours. Mes chers compatriotes, En Afrique et dans le monde, notre diplomatie retrouve ses marques. Avec la rationalisation de nos Représentations diplomatiques et consulaires et la revalorisation de certains postes, nos moyens sont désormais recentrés sur nos priorités essentielles. Il s’agit de mieux protéger nos compatriotes vivant à l’étranger, cultiver le bon voisinage et l’intégration africaine et favoriser une coopération axée sur le développement. Mes chers compatriotes, L’année qui s’annonce nous ouvre de nouvelles possibilités de poursuivre la réalisation de nos aspirations à une vie meilleure, sur le fondement de nos acquis. Bâtir le Sénégal de nos rêves est à notre portée. J’ai pleinement confiance dans nos capacités d’y parvenir si nous restons mobilisés autour des vertus du travail, du civisme et de la discipline individuelle et collective. C’est fort de cet espoir et de cette confiance que je vous présente mes vœux pour le nouvel an. Vœux de bonne santé, de longévité et de réussite, pour chacun de vous ; Vœux de paix, de cohésion nationale et de prospérité croissante pour notre cher pays. 


 DEWENATI ET BONSOIR.

COMMUNIQUE DE REUNION DU CONSEIL DES MINISTRES DU 07 FEVRIER 2013 Le Conseil des Ministres s'est réuni le jeudi 07 février 201...