Sénégal: La voie est libre

En partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD), le Sénégal a organisé un forum visant à sécuriser le financement de son secteur des transports, en marge de l'assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la BAD, qui s'est tenue du 13 au 14 mai, à Dakar. Intitulé « L'Afrique et la crise financière : un plan d'action », le forum a offert aux hôtes sénégalais l'occasion de présenter divers projets nationaux clés à d’éventuels bailleurs de fonds.
Alors que la nation tente de se positionner comme centre régional, elle a lancé des projets ambitieux afin d'améliorer presque tous les volets de son infrastructure. Ainsi, les routes, les aéroports et les ports du pays devraient observer une amélioration au cours des prochaines années.
Réduire l'encombrement est l'un des principaux objectifs pour le secteur. Jusqu'à récemment, le développement industriel s'est concentré sur Dakar. En effet, de nouvelles zones de développement économique dans la capitale sont à l'étude, comme par exemple, un centre à Diamniadio et la Zone économique intégrée spéciale de Dakar (Disez). Il est important d'établir de solides liens au niveau du transport terrestre. Toutefois, le réseau routier continue d'entraver les importants projets de développement dans les zones excentrées. Par conséquent, le gouvernement a lancé des projets à travers le pays.
Certains nouveaux projets prévoient l'élargissement des routes existantes, par exemple : l'expansion de la route nationale 7 (RN7) de Tambacounda à Ourossogui et l'amélioration de la RN2 de Richard Toll à Bakel, une route parallèle au fleuve Sénégal et au fleuve Mauritanie. D'autres plans appellent à la création de nouvelles routes, dont la construction de nouvelles autoroutes : la route de la Corniche, la Voie de Dégagement Nord (VDN), et une nouvelle route reliant Dakar, Pikine, Thiès, Diamniadio et enfin le nouvel aéroport Blaise Diagne, à Ndiass. Les deux premiers projets sont bouclés depuis longtemps, et le gouvernement est actuellement en pourparlers afin d'élargir la VDN jusqu'à ce l'autoroute payante Dakar-Diamniadio soit entièrement opérationnelle en 2012.
La route Dakar-Diamniadio est surveillée de près par les bailleurs de fonds, notamment depuis que ce dernier implique la réinstallation sensible des personnes vivant le long du tracé de la route. Le projet est financé à une hauteur de près de 35% par le gouvernement, et de 22% par des sources privées. Les 43% restant sont pris en charge par l'Association de développement international (IDA), la BAD, l'Agence Française de Développement (AFD), qui au total ont versé 230 millions de dollars, selon le rapport de la Banque mondiale publié en mars 2009.
Alors que les autres fonds sont essentiellement alloués à l'infrastructure, le financement de l'IDA, quant à lui, servira à aider les quelque 30 000 habitants déplacés par la construction de la route. Conformément à la politique de l’IDA, le gouvernement a désigné un terrain de 165 hectares, à Tivanouane Peulh, où les personnes déplacées seront réinstallées. Compte tenu de la difficulté du processus, le suivi assuré par la Banque mondiale devrait aider à garantir la prise en compte à la fois des questions humaines et écologiques.
Au Sénégal, le nouveau réseau routier donnera un coup de fouet à l'économie nationale, mais il a également des aspirations régionales. En effet, de nouveaux liens entre Dakar, la Guinée et le Mali sont en préparation et soutenus par des fonds internationaux. Par exemple, le tronçon sénégalais de la route reliant Dakar à Conakry d'une valeur de 40 milliards de francs CFA (93,2 millions de dollars) reçoit le soutien de l'AFD, de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), du Fonds saoudien de développement, du Fonds Koweïtien pour le développement économique arabe et du gouvernement sénégalais. La construction devrait débuter plus tard cette année. L'amélioration de la route menant à la frontière malienne, qui devrait être achevée à la fin de l’année 2009, reçoit un financement de l'Union européenne (UE), de la BAD, de la BOAD et de la Banque japonaise pour la coopération internationale. Une fois le projet bouclé, le réseau routier améliorera l'efficacité des autres projets du secteur des transports.
Le réseau de transport international, quant à lui, sera stimulé par l'Aéroport Blaise Diagne et le Port du Futur. La construction de l'aéroport, d'un montant de 235 milliards de francs CFA (547 millions de dollars), est l'un des plus ambitieux projets de transport en cours. En outre, le gouvernement espère que l’aéroport ouvrira ses portes à la fin 2010 ou début 2011. Ce dernier permettra à la fois de réduire l'encombrement et d'attirer les compagnies aériennes régionales. Modou Khaya, directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne, a déclaré à OBG que l'autoroute reliant Dakar à Blaise Diagne jouait un rôle clé dans la réduction du temps de parcours vers et depuis l'aéroport. « Notre objectif est de permettre aux passagers de parcourir les 45 km en 45 minutes, voire en une heure maximum. Selon nous, devoir effectuer une heure de transport pour se rendre à l'aéroport est conforme aux normes internationales », a-t-il dit.
Le Port du Futur, lui aussi, dépend fortement de l'accès à l'arrière-pays, par le biais d'autoroutes. Le projet vise à transformer le Port de Dakar en un centre principal de transbordement pour les lignes maritimes de l'océan Atlantique. La nouvelle infrastructure impliquera la construction d'un nouveau terminal à conteneurs, qui triplera la capacité actuelle du port pour la propulser à 1,5 million d’EVP (unités conteneur équivalents à 20 pieds). Le nouveau terminal à conteneurs, le Port du Futur, devrait être opérationnel en 2011 et attirer un investissement de 326 milliards de francs CFA (759 millions de dollars). A l'image de l’Aéroport Blaise Diagne, le Port du Futur ne peut fonctionner dans le vide. Dans un entretien accordé à OBG, Bara Sady, le directeur général du Port autonome de Dakar, a indiqué que la route vers l'aéroport et la modernisation de la route vers le Mali constituaient deux projets qui amélioreraient l'impact du port.
Les liens entre les systèmes nationaux et internationaux de transport devraient se développer, alors que le Sénégal se positionne comme un chef de file de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). A une époque où les pays membres de l'UEMOA cherchent une plus grande intégration régionale, et ce, dans divers secteurs, le réseau de transport jouera un rôle clé dans le commerce, le tourisme et le financement en dollars.
Source: Oxford Business Group

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