mercredi 18 février 2009

Sa Ndiogou : Le guignol de l’info sur Walf Tv


PORTRAIT
Ndioguou Mbengue à l’Etat civil, Sa Ndiogou pour tout le monde. Depuis longtemps, ce comédien humoriste revisite, à sa façon, l’actualité. Pétri de modestie et de professionnalisme, il a fini par faire l’unanimité autour de lui.

Sa bécane divise en deux la bande de curieux rassemblés sur le parvis de Walf Tv. D’une placidité implacable, il parvient à échapper aux inquisitions des fans et autres badauds. Tranquillement, il se gare, enlève son casque rouge bordeaux et cadenasse son engin avant de dégager son imposante silhouette, digne d’un lutteur de première classe. Vers les escaliers. C’est avec une chemise jaunâtre aux manches courtes, un pantalon jean noir et des chaussures tout-terrain qu’il va affronter sous peu les caméras et micros et s’inviter tranquillement chez les téléspectateurs et auditeurs de Walf Tv. Au Sénégal et un peu partout dans le monde. ‘Cocou, c’est Sa Ndiogou’. Comme il aime se le rappeler et le rappeler à ses auditeurs et téléspectateurs. Dans le studio d’enregistrement où il prépare l’émission Nepad musical, qui aura lieu dans une heure environ, Barka Diop, un technicien l’épaule. ‘C’est quelqu’un de bien’, dit le sieur Diop de celui qui ne fait que répondre à des coups de fil depuis une bonne dizaine de minutes. Qui appelait ? ‘Un téléspectateur de Touba’, rétorque-t-il, et d’ajouter ‘il voulait nous féliciter pour le travail que nous abattons. Je ne sais même pas comment ils (les téléspectateurs) font pour avoir mon numéro’. Après un silence, il philosophe : ‘C’est une façon de nous encourager à redoubler d’effort et surtout d’avoir les pieds sur terre.’. On le présente comme une star. Lui botte en touche : ‘La star c’est le médium. Walf a des fanatiques.’ C’est que Sa Ndiogou se veut modeste. Il sait d’où il vient. ‘C’était difficile’, se souvient-il. Il a très tôt perdu son père, un lébou originaire de Yoff. Son aïeul, pour y avoir vécu, connaissait les coins et recoins du Baol et du Djolof. C’est justement dans cette dernière contrée que naquit sa mère. Une mère, conservatrice qui s’est farouchement opposée à l’entrée du fiston dans une carrière de comédien. Sans l’intervention des frères et sœurs, Sa Ndiogou ferait peut-être autre chose que la comédie qui l’a révélé au grand public.
Chouchouté par les médias
La comédie, il l’a taquinée dès son plus jeune âge. Son idole était Sanokho. Le gamin de Guédiawaye se plaisait à imiter l’artiste comédien dont il a pris le ‘Sa’ pour l’ajouter à son prénom : Ndiogou. Et le nom d’artiste est tout trouvé. Plus tard, celui qui est connu à l’Etat civil comme étant Ndiogou Mbengue deviendra un comédien accompli et chouchouté par les médias. Ainsi, il a déposé son baluchon à la radio Sokhna Fm avant d’atterrir à Walf Fm. C’était en 2003. Ses deux émissions, qui l’ont révélé aux auditeurs ont battu tous les records d’audience. Il s’agit du Journal des faits divers et ‘Mbiir yi ak Diamono’, une contre-façon de ‘Diné ak Diamono’ animé par son patron Sidy lamine Niasse. Le personnage phare de cette émission était Serigne Ngoundo, à travers lui, le comédien fait une lecture satirique d’une société où le religieux et le temporel se choquent et s’entrechoquent. Dans un monde en manque de repères, le marabout Ngoundo essaie de tourner tout en son avantage. Il assaisonne ses prêches par des versets sortis tout droit de son imagination. Le mérite de Sa Ndiogou, c’est de réussir, non seulement à accrocher l’auditeur d’un bout à l’autre de son émission, mais de passer, avec ‘une extraordinaire facilité’, d’un personnage à un autre. ’Ce qui le différencie des autres, c’est cette facilité de changement et d’adaptation’, témoigne Ousmane Sène, rédacteur en chef à Walf Tv. Le principal concerné relativise : ‘C’est Dieu qui me donne de la force et de l’inspiration.’ Puis il précise : ‘J’écoute l’actualité le matin ; ce qui me permet d’en sélectionner des thèmes.’
L’humoriste anime quotidiennement ‘Xumb Té Dagane’. Une émission satirique qui a remplacé ‘Dialgati Xibar’, qu’animaient, jusqu’avant leur départ, Tonton Ada et Sylla Mounial. ‘Xumb Te Dagan’ a donc commencé avec la campagne électorale de la présidentielle de 2007. Pour d’aucuns, c’est la version sénégalaise de l’émission satirique de la chaîne cryptée française Canal + : ‘Les guignols de l’info’. ‘Xumb Té Dagane’ caricature le monde politique, les médias, les personnalités qui font l’actualité. Mais de là à faire une comparaison entre les deux concepts, il croit que ‘c’est trop vite aller en besogne’. Après une pause, il reconnaît : ‘C’est un honneur d’être comparé à l’émission de Canal+.’ Dans ‘Xumb Té Dagane’, tout est information. Du casque qu’il porte au décor, en passant par la gestuelle. Usant des tournures dont lui seul a le secret, Sa Ndiogou parvient toujours à tenir en haleine ses auditeurs et téléspectateurs. Sous ses apparences rigolardes, ‘Xumb Té Dagane’ est très bien réfléchie. Cohérente et structurée. C’est une sorte de journal télévisé quotidien avec des ‘spécialistes’ dans tous les domaines. Il y a des ‘présentateurs’, des ‘chroniqueurs’, des correspondants etc. Les noms qu’il utilise renvoient à la culture locale. Aux réalités sénégalaises.
Dans ‘Xumb Té Dagan’, Sa Ndiogou a du monde. Tout un monde. Mor Litt, Alé Nancy, Lakhbouss, Sa Bakhao, Ibra Deguène Kengue, Yayah Jammeh, Abdou Coumba Dème , entre autres, sont des personnages connus et reconnus par ses auditeurs. Chacun à son rôle. Sa spécialité. Ainsi pour ce qui est de la revue de presse, il a jeté son dévolu sur Yayah Jammeh, ‘un président d’un pays voisin que j’ai commencé très tôt à imiter’, dit-il, non sans préciser : ‘On m’appelle parfois même Yayah Jammeh’. ‘Je crois, dit-il, que les Sénégalais aiment ma façon de l’imiter’. Ce que les admirateurs de Sa Ndiogou aiment, c’est incontestablement son extraordinaire façon d’imiter les gens. On peut citer, entre autres personnalités qu’il parodie, Me Madické Niang le fervent talibé (disciple) mouride de Serigne Saliou Mbacké avec ses tics de langage comme ‘Barki Serigne Saliou’, Daouda Faye avec ‘Tête de con’. Ce sont donc des ‘étiquettes’, des expressions toutes trouvées qu’il colle à ses personnages. Toute chose qui renforce la complicité avec les téléspectateurs. C’est ainsi que certains admirateurs l’appellent pour lui demander de suivre illico presto une chaîne parce que, dit-il, il y a un élément relatif à un de ces personnages qu’il imite.
Divertissement et information
Dans sa besace, il y a aussi et surtout l’ancien président sénégalais Abdou Diouf qu’il baptise dans ‘Xumb Té Dagane’ Abdou Coumba Dème, en référence au nom de sa maman. Même si le journal de Sa Ndiogou est fait de vannes, il renferme les notions élémentaires du journalisme, comme informer, divertir et éduquer. Ces notions ont tous leurs sens. A propos de l’ancien chef de l’Etat sénégalais, il dira que c’est ‘un exemple pour nous et pour les générations futures’. Pour lui, Diouf ‘a pris de la hauteur en quittant sagement le pouvoir après sa défaite de 2000’. Ce qui n’est pas évident dans un univers comme le nôtre. Ici, sous nos tropiques, ‘les chefs d’Etat ont tendance à s’accrocher au pouvoir’. Par tous les moyens. Au point de mettre leur pays à feu et à sang. Il croit que c’est absolument ‘un bon exemple’ pour les générations futures.
Le comédien Sa Ndiogou, c’est l’information mais surtout le divertissement, sans heurt ni anicroche. ‘Je n’imite pas les gens pour dire ce qu’ils disent. Je dis autre chose mais dans le strict respect de la personne humaine’, s’empresse-t-il de souligner. C’est pour cela que certainement ses rapports avec les personnes qu’il parodie à l’antenne sont au beau fixe. Lors de sa première entrevue avec Me Madické Niang, les premiers mots du ministre ont été les suivants : ‘Barki Serigne Saliou (au nom du marabout Serigne Saliou).
Cette expression, lancée sur le vif par le ministre, informe sur la suite des échanges avec le comédien…C’est cette relation amicale qui existe entre lui et des personnalités comme Me El Hadj Diouf, Abdoulaye Bathily, Daouda Faye, Sidy Lamine Niasse, Mamadou Diop Decroix ou encore des sportifs comme El Hadj Diouf et Moussa Ndiaye. Ce qui n’enlève en rien son professionnalisme et son mordant. Parmi les célébrités qu’il singe, c’est incontestablement le ministre avocat Madické Niang qui a remporté la palme. Grâce au comédien, la famille Niang a certainement retrouvé une once de bonheur. Une atmosphère bon enfant où il fait bon vivre. Le père se fait appeler par la progéniture ‘Sa Ndiogou’, ce qui est loin de déplaire au ministre de la Justice. Tout au contraire. Il y a aussi, soutient l’artiste, les disciples de Serigne Béthio Thioune qui l’appellent pour lui dire qu’il a réussi l’imitation de leur marabout. S’il y a ce côté pile de l’imitation, il y a aussi le côté face. Des moments où il crée des frustrations parce que l’artiste qu’il est n’est pas, toujours compris. C’est ainsi qu’à la suite d’une émission où il imitait Serigne Moustapha Sy, des membres de son mouvement ‘Moustarchidine wal moustarchidatines ’ ont appelé pour, dit-il, ‘déconner’. Cet épisode ajouté à la censure d’une partie du générique de ‘Xumb Té Dagane ’ lui fait dire que les Sénégalais ne comprennent pas encore tout à fait les tenants et les aboutissants de la comédie. Il soutient ne pas toujours comprendre les raisons qui ont poussé les autorités à censurer ce générique ‘pourtant réalisé avec trucage’. Il croit que c’est un malheureux coup de pub pour notre démocratie.
‘Un homme simple et modeste’
Sa Ndiogou entretient de bons rapports avec ses collègues comédiens. Il apprécie bien sûr ce qu’ils font. Il en compte également des amis comme Kader Pichinini ou Kouthia. Et ces derniers le lui rendraient bien. L’ancien admirateur de Sanokho estime que la comédie a besoin d’être adaptée à la réalité du temps, à l’actualité. C’est ainsi qu’il a décidé de faire dans l’information, mais satiriquement livrée. ‘C’est ce qui intéresse actuellement les gens’, croit-il. Certainement, ce sont aussi les raisons qui poussent le journaliste Ousmane Sene à préciser que ‘Sa Ndiogou est un comédien et non un bouffon’. Il est d’une race d’artistes qui ne foisonnent plus de nos jours.
Mieux, pour son confrère Omar Ngingue, ‘outre son côté humain et son gros cœur, Sa Ndioguou a un don’. Il estime que ce qui le distingue des autres humoristes c’est que ces prédispositions font qu’il est toujours capable d’aller au-delà de l’information. Ce qui n’est pas évident. Maty, la complice de Sa Ndiogou sur le plateau ne pense pas autrement. A l’en croire, ‘c’est quelqu’un de professionnel jusqu’au bout des ongles’. De son point de vue le rôle du comédien, c’est de dire de façon satirique ce que le journaliste n’ose pas dire ouvertement. Une chose que Sa Ndioguou que réussi de fort belle manière. Elle croit avec la maquilleuse Ndella Amar que Sa Ndiogou est quelqu’un de ‘très sympathique, très simple mais surtout très modeste’. C’est cela aussi qui fait l’artiste.


Aly DIOUF

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