Moustapha Diagne, chargé des compétitions nationales au Cnf : Le challenger

PORTRAIT
Il a la sacrée réputation de triompher partout où il passe. A l’école, dans le mouvement sportif, à l’Ena ou encore aux Douanes, Moustapha Diagne a toujours convaincu et souvent vaincu. Le responsable des compétitions nationales au sein du Comité de normalisation qu’il est, a un nouveau défi : contribuer à mettre le football sénégalais sur les bons rails.
Beaucoup de gens se souviennent sans doute de la grande époque de l’équipe de football de la Douane, entre la fin des années 90 et le début 2000. Cette formation qui venait d’échapper de justesse à la relégation allait régner pendant deIl a la sacrée réputation de triompher partout où il passe. A l’école, dans le mouvement sportif, à l’Ena ou encore aux Douanes, Moustapha Diagne a toujours convaincu et souvent vaincu. Le responsable des compétitions nationales au sein du Comité de normalisation qu’il est, a un nouveau défi : contribuer à mettre le football sénégalais sur les bons rails.s années successives sur toutes les compétitions nationales. Toutes catégories confondues. Probablement, autant ont entendu parler de Moustapha Diagne, mais ne le connaissent pas si bien, ni ne savent qu’il était le président délégué puis le manager général de cette machine à gagner. A ce jour, il est le seul à avoir occuper ce dernier poste. Le principal artisan de cette prouesse. Mbaye Diouf Dia, son ancien collaborateur à la Douane et, acutellement, au Comité de normalisation du football (Cnf) confirme : ‘Le rayonnement de la Douane est à 90 % son oeuvre’.
Si Moustapha Diagne a attéri chez les gabelous, c’est grâce à l’actuel président de Tourékounda de Mbour. A l’époque, le dirigeant mbourois est approché pour piloter le club. Il insiste pour que Diagne l’accompagne dans cette mission. Une semaine après, les deux hommes déclinent la ‘Feuille de route de Saly’ sur la Petite côte. ‘On leur (leurs supérieurs) a dit que si c’est appliqué (la feuille de route) nous allons occuper dans deux voire trois ans la première place de la première division. La suite, on a signé un long bail avec la coupe du Sénégal. Pendant quatre ans de suite, nous avons gagné toutes les coupes du Sénégal, toutes catégories confondues’, se souvient encore cet homme au ton mesuré, entré à la Douane en 1989.
Soldat de l’économie, Moustapha Diagne était contrôleur économique avant de devenir inspecteur des Douanes. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre ses études pour étoffer son C.v. Durant son cursus, il était toujours ‘au pire des cas deuxième de la classe’. A l’Ecole nationale d’administration (Ena), il est ’sorti major de toutes les promotions’. Dans sa vie professionnelle, il a été d’abord agent de la section contrôle économique où ‘personne ne voulait venir’. Avec beaucoup d’abnégation, il contribue à donner à ce service ses lettres de noblesse. Il s’en souvient : ‘J’étais chargé de réaliser des enquêtes documentaires qui nous ont permis de faire des résultats énormes. C’est quelque chose qui m’a vraiment marqué.’
Un ‘Mbaye Ndoye bis’
Tout marchait comme sur des roulettes jusqu’à l’éclatement de l’affaire des ‘Bons à enlever’, qui a éclaboussé la hiérarchie douanière. ‘J’ai tout de suite rendu le tablier (à la tête de l’équipe de football) pour ne pas accepter le traitement qu’on voulait nous faire accepter. J’ai toujours insisté pour que le traitement professionnel et celui sportif soient différenciés (dans cette affaire). On a voulu mélanger les deux’, regrette l’ancien sociétaire de l’Etics qui n’a jamais joué à la Douane comme on le prétend très souvent. Le poste de manager général de la Douane était taillé sur mesure pour Moustapha Diagne, chargé spécialement de jouer le rôle du patron du club Mbaye Ndoye, qui était en même temps vice-président puis président de la Fédération sénégalaise de football. Ce dernier était ‘à 90 % de son temps pris par l’équipe nationale’. C’était la belle époque. ‘Les résultats étaient très positifs. On pensait même à moderniser le club, confie-t-il. Les combats de lutte qu’on a organisés pendant cette période rentraient dans ce cadre.’ Le projet de ‘House club’, qui ‘ne s’est jamais réalisé’ aussi. ‘Je crois qu’on était bien parti parce qu’au moment où nous quittions (le club), la sélection nationale espoirs était pratiquement constituée d’éléments de la Douane’, souligne le natif de Mékhé.
C’est dans cette petite ville aux confins du Cayor où l’artisanat occupe une place de choix et la chaleur humaine règne, que le jeune Diagne a fait ses classes ‘jusqu’en Cm2′ avant de changer d’air. Une partie de sa famille réside toujours à Ngaye. Raison pour laquelle, Moustapha Diagne s’y rend ‘régulièrement, tous les quinze voire vingt jours’. C’est là-bas qu’il a appris à taper dans le cuir et joué aux navétanes, en championnat régional ainsi qu’en deuxième division. ‘Quant j’étais étudiant, j’y venais en vacance pour accompagner l’équipe du coin. On a gagné beaucoup de trophées. J’ai joué à l’Asc Manko de Mékhé, à l’Asc Guney Ngaye en division régionale’, se souvient ce quinquagénaire à la noirceur d’ébène, qui garde dans un coin de la mémoire pas mal de souvenirs de sa ville natale comme ses nombreux surnoms de footballeurs de légende qu’inspiraient ses talents de buteur. ‘Je marquais beaucoup de buts au point que les gens me surnommaient Van Basten ou Altobelli’, confie-t-il avec de la nostalgie mêlée de fierté.
‘Quand on reconstruit, on fait fi de certaines appréciations’
C’est ce buteur adroit qui s’occupe des compétitions nationales au sein du Cnf. Il devait permettre aux équipes de renouer avec la compétition, c’est chose faite depuis jeudi dernier, date d’ouverture de la D1. Ce n’était pas gagné. Ça ne l’est d’ailleurs pas totalement encore. C’est pourquoi il tend la main à ses pairs du Cnf en signe d’ouverture pour la parachévement de l’oeuvre commune : ‘C’est un véritable challenge qu’on est en train de faire. J’aimerais que tous ceux qui sont autour de moi dans ce comité adhèrent à la tâche qui m’est confié. Qu’on travaille ensemble pour aboutir à ce qu’on attend de nous en terme de résultats. En terme de relance du football.’
C’est une période charnière où il s’agit de bien gérer un championnat dans une période relativement courte et de finaliser le projet de professionnalisation du foot sénégalais. Dans un tel contexte, admet-il, une approche collégiale est plus indiquée dans l’accomplissement de la mission qu’une gestion solitaire aux perspectives parfois fumeuses. Moustapha Diagne le sait et s’emploie à s’ouvrir à toutes les compétences. Ass Mamoune Sèye, un autre membre du Cnf, témoigne : ‘L’homme en lui-même a des qualités incontestées en management. Il a l’ambition de réussir la mission qui lui est confiée. Depuis qu’on a commencé à travailler, on sent qu’il a une claire vision de sa mission. Il travaille de façon collégiale, il prend toutes les informations utiles en matière de pratique du sport.’ Il résume : ‘Les compétitions nationales sont entre de bonnes mains.’ Mbaye Diouf Dia, chargé de la petite catégorie au Cnf, dans la même veine d’ajouter : ‘Il (Moustapha Diagne) connaît parfaitement le championnat national. Le football local a quelqu’un qui pourra le sortir de la situation dans laquelle il se trouve.’
Mais Moustapha Diagne n’a pas que des amis. Plutôt, ce n’est pas tout le monde qui croit à son projet. Le championnat qu’il vient de lancer est qualifié de ‘bâtard’. Le chantier du professionnalisme qu’il devra forcément pioché est assimilé à un rêve chimérique. Lui botte en touche : ‘Quand on reconstruit, on fait fi de certaines appréciations. Quand la Nation appelle, on ne peut pas dire non’. Pour le passage au non amateurisme, ‘il y a une politique de communication et d’explication à mener. Il faut y aller étape par étape’.
Le chargé des compétitions nationales au Cnf est quelqu’un qui entre en toute activité comme on entre en religion. Avec en bandoulière ‘le sens de l’écoute, la disponibilité et l’abnégation’. Rien ne le prédisposait à une carrière dans les Douanes. Son Bac scientifique en poche, il boude une inscription au certificat préparatoire aux études vétérinaires pour s’inscrire plus tard en droit. ‘Je suis têtu quand je suis convaincu d’être sur la bonne voie’, confie-t-il, sûr de son étoile. Comme le berger au milieu de son troupeau qu’il promène dans les pâturages verdoyants.
Aly DIOUF

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

AEROPORT DE DIASS : Un hub attendu en septembre 2010

VILLA GOTTFRIED : L’art ouvre une porte à Ngaparou

MBOUR : RESTRUCTURATION DE L’HABITAT SPONTANE « Baye Deuk » désormais loti