jeudi 7 janvier 2010

Senegal: L'Année 2009 en Revue

Bien qu'il ait dû lutter contre des difficultés nationales et internationales, le Sénégal a réussi à terminer l'année 2009 sur une note positive : une croissance économique et l'établissement des bases qui favoriseront la croissance dans l'année à venir. En effet, malgré les effets de la crise financière mondiale sur l'économie, on s'attend à ce que le pays termine l'année en enregistrant une croissance positive, dans la mesure où le produit intérieur brut (PIB) devrait croître d'environ 1.25%. Certes, ce chiffre représente la moitié du taux de croissance de 2008, mais une expansion, quelle qu'elle soit, est impressionnante considérant la conjoncture financière.

Ce résultat est d'autant plus impressionnant compte tenu des problèmes internes auxquels le pays a dû faire face en 2009. En effet, de nombreuses régions du pays ont connu des coupures d'électricité en août et en septembre, alors que Dakar et ses environs étaient victimes de graves inondations en août, inondations qui ont temporairement déplacé environ 200 000 personnes et ont perturbé le commerce. Ces difficultés figuraient parmi les raisons qui ont poussé le Fonds monétaire international (FMI) à revoir à la baisse les prédictions qu'il avait faites au cours de la première moitié de l'année et selon lesquelles le PIB du Sénégal augmenterait de 1.5% en 2009. Dans son dernier rapport publié à la mi-novembre, le FMI a déclaré que l'économie sénégalaise devrait connaître un véritable élan en 2010 et voir croître son PIB de 3.5% grâce à ce que le Fonds a décrit comme une « mise en œuvre [satisfaisante] du programme économique et financier du gouvernement dans des conditions économiques difficiles ».

Vers la fin de l'année, une nouvelle étape de ce programme financier a été introduite lorsque le Sénégal a voulu explorer de nouvelles pistes sur les marchés financiers mondiaux. En effet, au début décembre, le gouvernement a annoncé qu'il cherchait à prélever 200 millions de dollars grâce à la vente d'obligations libellées en dollars, la première dans l'histoire du pays. Selon les médias, le rendement indicatif de ces obligations, qui auront une durée de cinq ans, tournerait autour de 8.75%. Selon François Ekam-Dick, le directeur général d'Iroko Securities, une société de valeurs mobilières basée à Londres qui se spécialise dans le marché africain, si l'émission d'obligations du Sénégal est bien reçue, elle pourra servir de point de référence pour les autres pays sub-sahariens et déclencher ainsi une accélération des activités liées aux obligations.

« Les transactions sénégalaises seront observées de près pour voir comment les investisseurs internationaux réagissent à une transaction proposée par l'Afrique sub-saharienne », a-t-il déclaré à Reuters le 10 décembre dernier. « Du point de vue d'une stratégie de diversification, les obligations sénégalaises semblent être une bonne affaire. »

Les autorités ont déclaré que les fonds prélevés grâce à l'émission d'obligations seront utilisés pour contribuer au financement de la construction d'une autoroute à péage de 31 km reliant Dakar à Diamniadio. Le projet, soutenu par la Banque mondiale par le biais d'un prêt de 105 millions de dollars, a été évalué à 531 millions de dollars et fait partie des efforts déployés par le gouvernement pour améliorer l'infrastructure générale du pays.

Ces efforts se sont également étendus à la recherche de solutions aux coupures d'électricité chroniques qui nuisent à la croissance économique. En juillet dernier, le Premier ministre Souleymane Ndene Ndiaye a dévoilé un programme d'investissement à grande échelle dans le secteur énergétique : un montant s'élevant à plus de 1.1 milliard de dollars devrait être dépensé dans le secteur d'ici 2012. Parmi les projets évoqués par le Premier ministre figure une centrale à charbon dont la première phase devrait être fonctionnelle en 2010 et la deuxième, l'année suivante.

Dans la mesure où la capacité de production d'énergie électrique dépend largement des importations, le Sénégal a profité de la chute des prix du pétrole, qui étaient arrivés à leur niveau maximum au milieu de 2008. Cependant étant donné que ces prix ont repris leur ascension de façon continue, plus on avançait dans l'année 2009 plus une part importante du budget public était consacrée au financement de ces importations. Bien que le Sénégal ne soit pas un producteur de pétrole, le pays dispose d'une raffinerie de produits pétroliers qui permet de satisfaire la plus grande partie de ses besoins. Cependant, grâce à une proposition effectuée par le gouvernement nigérian, le Sénégal pourrait devenir un exportateur net de produits raffinés, ajoutant ainsi une corde importante à son arc économique.

En effet, début novembre, le ministre d'Etat des ressources pétrolières nigérian, Odein Ajumogobia, a proposé d'envoyer du pétrole brut au Sénégal pour le faire raffiner. Une fois raffiné, le produit serait réexporté vers le Nigeria pour être utilisé sur le marché intérieur. Ce projet pourrait coïncider avec un autre visant à augmenter les capacités de raffinerie sénégalaises, dont la production maximale se situe actuellement à 1 million de tonnes par année.

En juin, l'économie sénégalaise a connu un nouvel élan lorsque le pays a joint les rangs des producteurs d'or africains. Le président Abdoulaye Wade a assisté à une cérémonie, qui a eu lieu dans le sud-est du pays dans la région de Kedougou, au cours de laquelle on a officiellement inauguré une mine exploitée par une coentreprise constituée de l'Australienne Mineral Deposits Limited (MDL) et du gouvernement sénégalais. MDL n'est qu'une entreprise parmi plus d'une douzaine de sociétés minières internationales soit déjà installées au Sénégal soit cherchant à obtenir une licence d'exploitation pour certains terrains ou encore pour chercher de nouveaux sédiments. Outre l'exploitation aurifère, le Sénégal procède également à l'exploitation de mines de phosphate et s'efforce de faire passer la production de ses mines de minerais de fer de 15 à 25 millions de tonnes par année d'ici 2011; le pays utilise donc de mieux en mieux ses ressources minérales.

Cependant, l'éclat que connaît le secteur minéral a été quelque peu terni en juillet, lorsque Arcelor Mittal, la plus grande société d'acier du monde, a annoncé qu'elle suspendait son projet de minerai de fer d'une valeur de 2.2 milliards de dollars dans le sud-est du pays à cause de la récession mondiale et de la baisse de la demande de l'acier. Bien que la décision ne soit pas finale (Arcelor Mittal parle de remettre le projet à plus tard plutôt que de l'annuler), même un simple retard aura un effet sur l'économie, dans la mesure où des développements considérables y étaient liés, tels qu'un grand port et des connexions ferroviaires.

Étant donné que le pays a déjà fait face au pire de la récession mondiale et qu'il a quand même réussi à afficher une croissance positive, le Sénégal peut s'attendre à une meilleure année 2010 : la demande pour les exportations est censée augmenter et certains des investissements effectués dans l'économie cette année commenceront à porter fruit.

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