Les faits remontent au 6 novembre dernier, à quelques kilomètres du village de Thiadiaye. El Hadji Pape Sène, chauffeur retraité et éleveur, était en train de surveiller son taureau attaché à un arbre. Quelques minutes plus tard, le jeune berger Dieylani Kâ fit son apparition avec son troupeau. Ils échangèrent même quelques salamalecs. Subitement, le taureau de Dieylani sortit du troupeau pour se diriger vers celui d'El Hadj Pape Sène. Le conseiller municipal mit fin aux hostilités entre bovidés.
Mais, ce n'était que pour quelques minutes puisque le même taureau revint à la rescousse, mais sans toutefois provoquer une bagarre. Non content de la passivité du jeune berger, le conseiller municipal vit rouge et menaça Dieylani. Quelques minutes après, ce fut une détonation. En effet, El Hadji Pape Sène avait sorti une vieille arme de fabrication artisanale pour faire feu en direction de Dieylani qui s'affala à même le sol. Il fut transporté au centre de santé de Thiadiaye où des soins lui furent prodigués. Le certificat médical délivré fait état d'une incapacité temporaire de travail de 18 jours.
A la barre du tribunal de Thiès, le conseiller municipal dit avoir été provoqué par le jeune berger qui l'aurait insulté avant de sortir son coupe-coupe. Il reconnaît avoir utilisé son arme à feu tout juste pour apeurer Dieylani. Celui-ci indique à son tour que Pape Sène était mû par le souci de lui faire la fête. A la question de savoir s'il détenait un coupe-coupe, la partie plaignante répondit par la négative. Pour la réparation du préjudice subi, le jeune berger demande 300.000 francs cash.
Ce n'est pas l'avis du ministère public qui a pris cette déclaration avec des pincettes. Selon lui, il est rarissime de voir un berger conduisant son troupeau sans coupe-coupe. C'est même ce que Me Ndiaga Sy, conseil du prévenu a étayé. Il a également indiqué qu'il y a eu excuse de provocation, tout en reconnaissant que son client a commis une erreur en utilisant une arme à feu sans autorisation administrative. Me Sy demande ensuite une application bienveillante de la loi pénale. Il a invité le tribunal à revoir à la baisse la demande de réparation du plaignant. Finalement, El Hadji Pape Sène a été condamné à dix jours de prison ferme et à payer à la partie civile la somme de 200.000 francs.
Abdourahmane Sarr Gonzales, 18 Novembre 2008
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