mardi 10 février 2009

HAUSSE DES PRIX DE L'ALCOOL À MBOUR : La grogne des ivrognes, le désespoir des vendeurs


L’augmentation annoncée sur l’alcool n’est pas du goût des adeptes de Bacchus à Mbour, une ville connue pour abriter beaucoup d’alcooliques. Nous en avons rencontrés quelques-uns dans un bar de la place. Ils se sont dit inquiets par rapport à la menace qui pèse sur leur goût de l’alcool. Source : Le Matin "Oncle Pat", c’est l’un des bars les plus célèbres de Mbour. Est-ce l’augmentation sur l’alcool ? Ce bar ne connaît pas une grande affluence en cette fin de journée. A côté du gérant, une femme d’un âge assez avancé déguste son "flag". On l’appelle "madame flag" parce qu’elle ne boit que cela. "J’ai décidé de venir ici boire parce que je ne veux pas boire devant mes enfants. Mais si le prix du flag augmente, je vais devoir tout arrêter. Je préfère alors ne pas boire et m’occuper de mes problèmes car j’ai une grande charge et les temps sont durs", tempête Madame flag, tirant sur une cigarette après avoir dégusté sa boisson. En face de lui, un jeune homme qui semblait beaucoup moins lucide. Lui dégustait de la rosée et de sa bouche dégageait une odeur que nous avons de la peine à supporter. Ce jeune boucher est un habitué des lieux et, tout comme "madame flag", il n’apprécie pas les augmentations : "s’il y a une autre augmentation, nous allons forcément le sentir. Mais à chaque fois que j’aurai de l’argent, je n’hésiterai pas à passer car ici c’est calme", nous confie-t-il difficilement. "Pour l’instant, nous sommes en train de négocier avec les clients pour les retenir. Nous vendons à de prix moins élevés que dans les autres bars. On ne peut encore augmenter. Sinon ils vont bouder. Je pense qu’avec ces augmentations, on risque tout simplement de fermer ou de faire des bars de cantines", soutient Luc Dioh le tenant du bar. "Nous avons beaucoup de charges, l’électricité, les droits d’auteurs, les impôts. Si en plus cela il y a des augmentations, nous ne pourrons pas nous en sortir. Pour les taxes, nous payons 700.000f par an. Et je dois ajouter qu’il y a les policiers qui nous font perdre les clients. Ces derniers sont libres de venir boire. Ils ne doivent pas être l’objet de tracasseries", ajoute-t-il. La discussion est alors engagée et on en oublie même parfois l’objet de l’entretien avant que le tenant ne revienne au sujet. "La plupart des agresseurs que vous voyez, ils prennent des quarts de vin. Ce nombre de preneurs de quarts de vin va augmenter avec la hausse sur la bière car la bière, ce n'est pas cela qui va vous rendre ivres". Un vendeur d’effets vestimentaires fait irruption et propose ses articles devant des personnes indifférentes, une cigarette à la bouche. "On a également augmenté le prix de la cigarette", lui lançai-je, taquin. "Si on fait une hausse sur le prix de la cigarette, je vous jure je vais tout abandonner car je peux le faire. Je préférerai m’occuper de mes affaires", nous répond-il en sortant. Dans le bar, les buveurs d’alcool et de vin s’y adonnent à cœur joie au son de la musique, tout en ruminant leur colère pendant que notre attention est portée sur cette phrase d’un penseur Français inscrite sur le mur d’en face: "Si nous n’avions pas de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en faire remarquer dans les autres"

Rewmi

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