Sénégal
Le marché boursier reprend des couleurs
La performance de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) s'est considérablement améliorée en 2012, portée par la reprise de l'activité boursière et un retour à la stabilité politique en Côte d'Ivoire. Malgré un léger repli du marché obligataire, les indices boursiers ont globalement progressé, et la capitalisation boursière globale a excédé 4 000 milliards de francs CFA (6 milliards d'euros) pour la première fois depuis octobre 2008. Déterminées à lutter contre la pénurie de liquidités chronique dont souffre le marché, les autorités boursières ont prévu différentes mesures pour contribuer à relancer l'activité boursière à moyen et long termes.
La Bourse d'Abidjan, qui regroupe sept pays d'Afrique de l'Ouest, se remet progressivement des faibles performances enregistrées ces trois dernières années. En 2009, les répercussions de la crise économique mondiale ont fait chuter de 25 % des deux principaux indices du marché : le BRVM 10, composé des 10 sociétés les plus actives du marché boursier en termes de volume de transactions et de capitalisation, et le BRVM Composite, qui suit les 37 valeurs cotées. La capitalisation boursière globale a fléchi de près de 16 % pour s'établir à 2 810 milliards de francs CFA (4.22 milliards d'euros) à la fin de l'exercice 2009.
En 2010, le marché a connu une embellie de courte durée, enrayée l'année suivante par les troubles politiques qui ont secoué la Côte d'Ivoire, où siègent la majorité des sociétés cotées. L'incertitude économique, aggravée par une cessation d'activité de deux semaines au mois de février, et le transfert temporaire des opérations boursières au Mali ont tous deux contribué au fléchissement de 13.5 % de l'indice BRVM 10, à 158.5 points, et de 12.83 % du BRVM Composite, à 138.88 points, à la fin de l'exercice 2011. La capitalisation boursière globale a enregistré une baisse de 8.47 % pour s'établir à 3 180 milliards de francs CFA (4.77 milliards d'euros), tandis que le volume des transactions a reculé de plus de 36 % en glissement annuel, pour atteindre une valeur totale de 58.91 milliards de francs CFA (88.36 millions d'euros).
Cependant, grâce au retour général de la stabilité régionale, l'indice de confiance des investisseurs a progressé, et de nombreuses sociétés ont enregistré une hausse de leur chiffre d'affaires, qui a profité au marché boursier. Fin 2012, l'indice BRVM 10 avait progressé de 16.12 %, à 184.04 points, et le BRVM Composite de 19.95 %, à 166.58 points.
La capitalisation boursière globale a franchi la barre des 4 000 milliards de francs CFA (6 milliards d'euros) fin 2012, pour s'établir 4 031 milliards de francs CFA (6.04 milliards d'euros) le 31 décembre ; un tel résultat n'avait pas été enregistré depuis octobre 2008, où 4 019 milliards de francs CFA (6.02 milliards d'euros) avaient été atteints. Cette croissance est attribuable à l'intensification des activités boursières, ainsi qu'à l'émission de plusieurs nouvelles actions par des sociétés déjà cotées à la Bourse régionale. Le 27 décembre, par exemple, la banque panafricaine Ecobank Transnational (ETI) a augmenté son capital de 100 millions de dollars, en émettant 1.25 milliard d'actions nouvelles au prix unitaire de 0.08 dollar.
La Société nationale des télécommunications du Sénégal, Sonatel, a émis un nombre d'actions moins important que ETI, mais à un prix unitaire plus élevé ; le groupe est aujourd'hui le plus actif en termes d'échanges quotidiens. Environ 67 831 actions de Sonatel ont été échangées en novembre 2012, soit 91.47 % des opérations boursières totales dans le secteur des services publics. Victime de l'incertitude économique et politique qui a entouré les élections présidentielles de mars 2012, et rendu les investisseurs frileux, Sonatel a dégringolé du second au neuvième rang de l'indice BRVM. Cependant, grâce à la transition politique réussie, achevée en milieu d'année, et à la reprise du volume d'échanges boursiers, Sonatel a pu regagner le second rang qu'elle occupe habituellement en termes de capitalisation boursière.
Déterminée à rendre ses titres plus accessibles, la société a procédé à une rare opération de fractionnement le 23 novembre, en divisant la valeur de l'action par dix, le cours étant devenu inaccessible pour de nombreux investisseurs. Au cours des cinq derniers jours de cotation de novembre, le volume échangé a permis d'augmenter le total mensuel de 2.86 %, chiffré à 14 400 francs CFA (21.60 euros). Les autorités boursières ont annoncé leur intention d'encourager ce type de fractionnement pour augmenter le nombre global d'actions en circulation, dans le cadre des efforts actuellement déployés pour renforcer les performances de la BRVM.
Par ailleurs, les responsables de la BRVM s'efforcent également de favoriser de nouvelles introductions en bourse. Le secteur des services publics, et notamment des télécommunications, est l'un des plus prometteurs pour assurer l'expansion du marché. Porté par l'action Sonatel, ce secteur enregistre le volume d'échanges le plus élevé ; en octobre 2012, il représentait en effet 73.63 % de l'activité boursière globale, suivi par le secteur de l'agriculture et le secteur financier, avec 9.6 % et 8.8 %, respectivement. L'introduction en bourse de l'opérateur télécom malien Sotelma, qui devait initialement avoir lieu au début du deuxième semestre 2012, est toujours en attente. La société envisagerait de placer 20 % de son capital sur le marché régional, dans une optique de privatisation, mais son projet d'introduction en bourse risque d'être compliqué à court terme par l'instabilité politique qui frappe actuellement le Mali.
Edoh Kossi Amenounve, nouveau directeur général de la BRVM, a annoncé au mois de novembre son intention d'introduire une journée de cotation de six heures, le marché étant actuellement ouvert de 9 h à 10 h 45, cinq jours par semaine. M. Amenounve a par ailleurs affirmé que le conseil d'administration donnerait suite à des plans élaborés il y a plusieurs années en vue de créer une Bourse secondaire pour les petites et moyennes entreprises (PME), incapables de répondre aux exigences d'inscription à la Bourse principale. Au terme d'une phase préparatoire sur le marché parallèle, les PME seraient en mesure de lever des capitaux à la BRVM. Ce processus en deux étapes profitera aux petites entreprises sénégalaises, principalement dans les secteurs des services publics et de l'agriculture.
Les solides performances du marché enregistrées en 2012 sont de bon augure pour la Bourse et les sociétés régionales. Si la profondeur du marché reste insuffisante, des plans ont cependant été initiés pour accroître la capitalisation boursière par le biais de nouvelles introductions en bourse et de nouvelles émissions de titres, dans l'optique de renforcer le marché à long terme. Toutefois, comme en témoignent les récentes fluctuations du marché, ces progrès demeurent largement dépendants de la stabilité politique dans la région.
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